Lundi 23 août | dernier arrêt, la sortie de Rebreuve-Ranchicourt : l’étang aux hérons


Quitter Barafles, passer par Rebreuve-Ranchicourt, j’aperçois un plan d’eau, des pêcheurs postés autour : des hérons à l’affût… Cela m’intrigue, impose l’arrêt !

Nous voyons un panneau un peu plus loin : « la Brette », aller à pieds jusqu’au pont : prudence, la circulation est plus importante, la route s’est faite passante.

Au pied du pont, un barrage bricolé de panneaux récupérés, Émilie rit, voit même un « friterie » à travers l’eau, elle me montre. La Brette est dirigée vers une grille, d’évidence une prise d’eau ; derrière, un hangar, de l’eau pisse du plafond, et par-delà, un étang : des gens qui pèchent au loin. Cela m’interpelle, me donne l’envie d’aller voir.

En retournant, nous passons devant une grille ouverte, un garçon pêche. Poursuivre. Sur notre droite, un food truck déserté, proche de la route, nous voyons la pancarte : « Le Domaine du Pont Prieur », et d’autres panneaux qui déclinent le lieu…

Chercher une porte d’entrée, est grande ouverte, avec le règlement de pêche qui annonce la couleur ; nous entrons dans l’antre des pêcheurs : au fond à droite, un bar. Je sollicite l’homme, pour prendre deux cafés ; il est jeune, plutôt sans entrain, comme blasé ; au-dessus du bar, des infos et des images : un placard de pêcheurs avec leur prise, posant fièrement pour la photo…

Je me fais un film américain, ambiance bayou, où un personnage se retrouve dans un endroit paumé, atmosphère nonchalante, rurale ; on se sent à peine accueilli, entre indifférence et résignation : l’endroit est désert, un ‘local’ traîne près du bar, passablement éméché ; on pourrait croire qu’on attend le client, mais en fait, il ne se passe jamais rien…

Bon, sortir du film, Émilie a entamé un échange avec le barman, il a travaillé pour l’Agglo… Je lui parle de ma curiosité pour l’endroit, j’apprends qu’ici on pêche la truite, rien que la truite, en face, de l’autre côté de la route, c’est la carpe, rien que la carpe… mais ne sont pas ouvert en ce moment… Je tente d’intéresser l’homme plus âgé qui est assis à côté du bar, penché sur un registre, occupé sans doute par les affaires du lieu. J’amorce, il lève le nez ; j’embraie sur la vue par la fenêtre et aussitôt je ferre avec ce-que-j’ai vu qui-coule-dans-le-hangar : j’ai fait mouche, le patron va nous emmener voir !

L’homme est affable, explique, c’est un passionné, il a repris cette affaire avec sa femme ; leur activité prend.

Au hangar, il nous explique le fonctionnement : la prise d’eau ; l’eau qui oxygène les bassins dans le hangar, d’ailleurs, il vient de recevoir de nouvelles truites, elles ont quelques jours pour s’acclimater avant qu’il ne les relâche dans les bassins selon des quotas définis. L’eau sort ensuite dans un bassin attenant et circule dans les autres étangs avant de s’écouler en aval dans la rivière : c’est la règle. L’agence de l’eau suit ça. Nous montre son épuisette, le fumoir à côté, s’en sert à la demande des clients qui veulent faire fumer leurs truites, ça prend 3 jours, il utilise de la sciure de hêtre.

Nous raconte ses soucis quant aux fluctuations des niveaux d’eau, en ce moment, le débit du cours d’eau baisse et puis, le développement des algues : ça vient des nitrates, et pour peu qu’il fasse chaud… A bien mis des carpes « Amour », ça limite.

Nous parle aussi des gens qui viennent et laissent leurs déchets en partant, ou trichent sur la capture des truites. On se rend compte de l’impact des comportements sur son morale, des règles qu’il doit faire évoluer, pas de tout repos son affaire, mais on sent bien qu’il aime cette activité, mais elle reste fragile.

A côté, le jeune, que j’avais vu au départ par la grille, exulte, il vient de capturer une truite, le père (enfin, je suppose) arrive à la rescousse. Le garçon passe près de nous, rayonnant.

Nous échanges se poursuivent… au loin, nous voyons un pêcheur qui se dirige vers nous, une belle truite pendant à sa main. En arrivant, il échange avec le responsable : il a trouvé l’animal remontant à la surface ; notre hôte l’observe, manipule, pas de trace de coups de bec, la mort n’est pas due à un héron. Il nous explique que les asticots ont été interdits pour la pêche, ça fait mourir les truites quand elles les avalent : « ça les bouffent de l’intérieur ». Je sens que notre homme en aurait encore à nous raconter… Mais c’est le moment opportun pour prendre congé ; l’échange m’en a appris, plus que j’en espérais, une belle rencontre : un détour inattendu de la Brette.

Lundi 23 août | la Brette, sortie au sud de l’Agglo avec Émilie


Partir, 11 :30, direction Maisnil-les-Ruitz, viser Rebreuve-Ranchicourt.

11 :45. Émilie a repéré un pont, s’arrêter : la Brette passe là ; nous sommes près d’un moulin… chute d’eau bruyante, l’aménagement et un panneau nous confirme ; il est dans une propriété privée.

La rue du moulin nous fait longer le ruisseau du Bois du Moulin. Il coule le long de la route, comme un fossé plus ou moins étroit, enjambé de passerelles permettant l’accès à des habitations. Au carrefour, en face, une ferme : se garer. Nous empruntons le chemin d’accès à la ferme : longer le ruisseau en fossé ouvert, une haie borde à droite ; la transition est brutale, c’est l’accès campagne. Le ruisseau passe sous la route, devient un fossé envahi par la végétation, on ne voit plus rien… on l’entend. Fin.

Changer, quitter pour le ruisseau de Caucourt, 11 :20. Ici c’est vallonné… Cauchin-Legal, puis le village de Caucourt, et tout au bout… Arrivons à remonter le cours du ruisseau, une mare à gauche, à droite un chalet ! Ça renforce l’impression de montagne, la situation est un peu encaissé, les prairies bien vertes et l’eau arrivent de différents points en filet, ruisselets… Un rêve de montagne ? Mais l’eau vient surtout de la parcelle au Chalet : un âne, un poney, un ruisseau. L’âne est familier. Déboule voir Émilie qui lui tend à manger, se régale, réclame… Je le salue à mon tour.

Revenons au pont, voir l’eau couler de part et d’autre. Un enfant et 3 adultes font du nettoyage, grattent, arrachent, évacuent des herbes et des mousses. Une femme s’approche, se présente, madame Philippe, maire du village (nous apprenons de 354 habitants). Pense aussi que la source émane de plusieurs endroits. J’ai effectivement repéré une mare où de l’eau coule, une rigole bordant la route, et de l’autre côté, dans la parcelle au chalet, un filet d’eau descend rejoindre le ruisseau…

Elle nous invite à nous rendre vers l’église et prendre à droite, voir le moulin du gué : « c’est un endroit remarquable ». Mais l’eau est aussi facteur d’inquiétude ; « là-bas, la vanne liée à la chute d’eau… quand il pleut, l’eau monte vite, c’est une cuvette ici », alors elle demande au propriétaire du moulin d’ouvrir avant que ça ne devienne critique. Elle ajoute que c’est sans doute le dernier gué du Pas de Calais.

Nous rappelle l’inondation de 1987 (un macaron sur le pont la signale), avait atteint sa maison, un sujet assez sensible sur la gestion du cours d’eau, entre nettoyage et développement spontanée d’une végétation recherchée par les pêcheurs…

Décidons de pique-niquer là, vu une table pas loin… En regardant l’eau, en bas du pont, une grille au fond nous interroge. Je demande à la femme qui continue de désherber, nous dit que c’est une prise d’eau pour les pompiers. Du coup, je revisite la présence et l’usage de grilles déjà vues…

L’endroit nous apparaît paisible, charmeur, 354 habitants, espace public léché.

Nous prenons la rue du Moulin, comme indiqué, il est 13 :30 ; à droite, le cours d’eau nous accompagne, la berge est entretenue, l’eau est bien visible ; à gauche, sommes surpris par l’enfilade de résidences plutôt récentes, aisées, posées sur un terrain enherbé, tondu, propre… Au bout, arrêt à l’eau, au gué : le moulin est en fait la taverne qui était annoncée dès le tournant, au niveau de l’église. L’endroit est idyllique : le gué est accompagné d’un platelage récent, permet la poursuite à pied ou à vélo ; un banc ; des explications sur l’histoire du site. La vue s’ouvre sur le moulin au pied duquel s’étale l’eau du gué, à gauche tombe l’eau, la chute est surmontée d’une vanne, sur le côté, longeant le moulin, de l’eau circule jusqu’à mettre une roue en mouvement. Un tableau à la Constable, enfin presque, l’aspect rural en moins. Étonnant. Finalement, une campagne de luxe, loin de ce que j’imaginais.

Quitter cette vallée pour retrouver la rencontre du ruisseau avec le Grand Fossé, au niveau de Fresnicourt-le-Dolmen, avant que ça ne forme la Brette. Passer à Olhain… et repasser, on s’est trompé, heu… le chemin était là, à gauche, impossible de s’arrêter, voire d’accéder à la confluence… Bon… aller jusqu’à Fresnicourt-le-Dolmen : un pont, le « Grand Fossé »… Ben, il est petit le Grand Fossé, point d’eau ! S’en retourner, pour chercher un autre accès au « nœud », la rencontre des cours d’eau, sommes sur la D57, rien…

Commençons à avoir l’impression d‘errer sur les routes de campagne, d’être dans un road movie. Le GPS nous donne une nouvelle indication, un pont, arrêt, bah, c’est déjà la Brette ! Décidément on rate des épisodes.

Le cours est large, au niveau du pont, à gauche, un jardin descend en gradin vers l’eau ; à droite, un accès à l’eau, Émilie est descendue observer : sous le pont, l’eau est surmontée d’un écriteau marqué « accès privé »… Hum, ça m’interroge ?

Repartir, il est environ 15h, allons à la recherche du ruisseau d’Hernin, et là, cette fois, on devrait trouver les champs. Se retrouver dans un hameau, Barafles ; nous nous arrêtons au bout d’une rue, après, c’est un chemin qui descend en pente douce : à gauche un champ où paissent des bovins ; ils commencent à nous regarder, curieux. En bas, on entend l’eau, mais rien à voir, le cours du Hernin est encombré de végétation. Une barrière : la clôture signale une propriété, enfrichée, un thuya sur un côté, et nous apercevons à gauche et à droite des constructions, visiblement abandonnées. En face, entrée de champ. L’expédition s’arrête à ce point. Demi-tour.

En remontant j’aperçois Émilie qui tente de charmer une vache, j’observe le manège, cette dernière hésite, Émilie poursuit, insiste, arrache de l’herbe ; la vache s’approche, toujours hésitante et finalement, succombe. Émilie sourit, satisfaite. Rapidement une autre vache chasse la noire, semble la rappeler à l’ordre : chacun chez soi. L’épisode prend fin.

Vendredi 20 août 2021, « le marais pourri ».


Se rendre en début d’après-midi à Norrent-Fontes avec Samia Dzaïr. Retrouver le souvenir d’un accès récent au marais, passer le pont qui enjambe le Guarbecque et prendre une petite route fort étroite, la D91. Trouver le chemin recherché à gauche et commencer la visite sur les pas de l’écogarde Michel Abdellah.

S’enfoncer tranquillement dans l’espace boisé, sens aux aguets : détecter des présences à travers les frondaisons, apparaissent progressivement des clôtures, des abris, des caches de chasses… L’endroit est « habité », la propriété s’affiche, parfois ostentatoirement, avec des panneaux sensés nous dissuader.

Au bout d’un long temps, silencieux, nous retournons pour essayer d’autres entrées d’accès au marais, nous avons repéré un chemin sur la carte IGN…

Stationner dans un renfoncement à proximité du pont du Guarbecque, l’eau coule plutôt vite… cette fois ouverte, bordée de végétation herbacée. En marchant nous nous rendons compte que le chemin est emprunté par des voitures, des promeneurs, des vélos et même un quad. De part et d’autre, des propriétés privées, les accès sont barrés, l’information dissuasive. Dans le cours d’eau, nous apercevons de temps en temps des pieux coupés, en double rangée, parfois des deux côtés, des restes de fascines, on a cherché à protéger la berge…

Le chemin nous entraine dans un espace qui s’ouvre, à gauche une peupleraie élancée ; à droite, on commence à voir des champs. Le chemin à tourné et nous sort du marais ; au loin, j’aperçois des voitures… Après un regard jeté sur la carte, j’en déduis que c’est la D188, raté, nous nous éloignons toujours plus : un quad passe ; une propriété à la palissade verte… Cela signe l’abandon, nous rebroussons chemin.

Croisons encore des promeneurs, certains déjà vus, reviennent aussi ; je me lance et m’adresse à l’un d’eux, affable, l’homme nous répond et nous apporte des informations pour retrouver des accès au « marais pourri ». Simon nous donne les coordonnées d’un « greeter » du village voisin, mais il est tard pour continuer, il faut rentrer, je reviendrai plus tard, samedi ou dimanche.

Ce nom, de « marais pourri », nous intrigue ; nous avons bien récolté quelques interprétations ; cela mérite d’aller plus avant…